Le banc et l’arbre
Bonjour,
L’autre jour, dans un institut de formation, je me lavais les mains après avoir été aux toilettes. J’aime bien ces toilettes car elles sont pourvues, dans la partie destinée à se laver les mains, des fenêtres donnant en partie sur un parc. A chaque fois, je regarde par la fenêtre en me disant que j’aimerais bien être dans ce parc. Je dois dire que j’aime beaucoup le petit banc qui entoure un arbre. Alors, je rêve …
Assis sur le banc, je vois les feuilles tomber. En voici une qui vient se poser sur ma tête. Légère, comme une plume, je la sens pourtant sur le haut de mon crâne dégarni. Je regarde à droite puis à gauche et la feuille tombe. Elle rejoint d’autres feuilles sur le sol. Je ferme les yeux et pense au temps que j’ai déjà passé dans ce quartier de Lausanne. Tant de belles journées, tant de journées perdues qui, au final, n’auront servi à rien. Tant de souvenirs, tant de camarades perdus de vue ou toujours présent. Je pense au banc sur lequel je suis assis. Je pense à l’arbre derrière moi. Combien ont-ils vus de personnes depuis qu’ils sont là? D’ailleurs est-ce que l’arbre était là en premier ou a-t-il été planté pour remplacer un autre arbre? Difficile à dire, qui le sait? Qui s’en soucie d’ailleurs dans le tourbillon de la vie. Et bien moi, je prends ce temps. Je prends le temps de cette réflexion qui peut sembler vide de sens. Et ça me plaît! Et ça me fait grandir! Ce banc et cet arbre, je les vois avec des yeux amoureux, de yeux tournés vers la Joie et l’Espoir, pas avec un regard simplement utilitaire.
Il y a très longtemps des choses importantes se sont peut-être dites sur ce banc. Quelqu’un, quelque part, a peut-être de très beaux souvenirs de ce banc, d’un(e) ami(e) qui s’y trouvait et avec qui le temps s’arrêtait.
Ce banc et cet arbre, j’ai passé près d’eux des dizaines de fois, des centaines de fois depuis que je fréquente le quartier pour obtenir quelques compétences dont j’aime à penser qu’elles me sont utiles. Je n’ai vu ce banc et cet arbre que très récemment, justement en me lavant les mains.
A la fin des cours, ce jour-là, je ne suis pas rentré chez moi car j’avais des collègues à voir en ville. J’ai donc attendu à la cafétéria, pour finir, il n’y eut plus personne. En me levant pour partir, dans cet endroit habituellement si peuplé, je suis tombé sur un couple. Une homme et une femme amoureux étaient face l’un de l’autre, très proche, « collé-serré ». Rien de répréhensible par rapport à l’utilisation « normale » des locaux, par contre j’ai senti une très forte attraction entre eux, le plaisir de se retrouver après une journée loin l’une de l’autre. Je me suis demandé, d’ailleurs (ils n’avaient pas vingt ans mais plutôt 30 ou 35) si ce n’était pas un couple illégitime (vous savez: « Chérie, je reste un peu plus longtemps au travail ce soir »). J’ai trouvé ça « chou », ça m’a fait sourire en me disant qu’il n’y avait tout de même pas que de purs esprits dans cet établissement mais aussi des gens avec un cœur ou des … tripes. D’ailleurs, dans les années 1982-84, c’était plein de couples qui se formaient (une des fonctions importantes des endroits où on rassemble les gens, à commencer par les établissements d’enseignement après la scolarité obligatoire).
Je ne rêve plus. Retour à la réalité.
Cher banc, cher arbre, je vous promets que lors de la prochaine pause, après être allé aux toilettes et vous avoir salué par la fenêtre en me lavant les bains, je descendrai vers vous.
Je vous promets aussi que, si AEEM passe dans le quartier, par exemple pour visiter le jardin botanique de la colline de Montriond, nous passerons également vers vous.
Bien à vous!



Laisser un commentaire