C’était mieux avant (13) – besoin de la lumière moins longtemps

L’autre jour – ça faisait longtemps et je commençais à m’inquiéter – j’ai revu mon collègue Alphonse. Celui-ci était un peu plus courbé, un peu plus gris et un peu moins vif que je l’avais trouvé lors de notre dernière rencontre. Je le saluais et il me rendit mon salut, s’en suivit le dialogue ci-dessous:

« Alphonse, quelle santé, je te retrouve comme je t’ai laissé.
— Jeune blanc-bec, ça te va bien de dire ça. Penses-tu réussir à me faire croire que je n’ai pas pris un sale coup de vieux!
— C’est vrai que je te trouve changé, cher collègue.
— Ah, tout de même un peu de vérité qui finit par sortir de la bouche de quelqu’un!
— Je te demande pardon, j’ai été stupide.
— Y a pas de mal, je suis habitué à entendre des balivernes quand on parle de ma santé. Pardon accordé!
— Merci, Alphonse. Dis-moi alors ce qui te tracasse.
— Vois-tu, j’ai compris que j’étais devenu vieux quand je suis allé uriner et que la lumière s’est éteinte.
— Je ne comprends pas.
— Tu comprendras assez vite.
— Ne me fais pas attendre, je t’en prie!
— Bon, j’accouche si je puis dire. Dans certaines toilettes, il y a une lampe avec un détecteur de présence. Tu entres, ça s’allume.
— Oui, c’est bien pratique!
— Ce qui l’est moins, c’est quand mon âge on prend plus de temps pour lâcher un fil. Résultat le minuteur finit de minuter et je me retrouve dans l’obscurité. »

Après l’avoir salué et vu disparaître au coin de la rue, je me suis dit que c’était bien observé – malgré l’obscurité – et que si uriner prenait plus de 30 secondes, c’est que la prostate commence à faire des siennes.

Bien à vous!