Je lis
Bonjour,
Aujourd’hui à 09h50, tout le monde (élèves et maîtres du canton de Vaud) est invité à lire.
Lire est une expérience personnelle qui, je le crois, vous rapproche des dieux ou de Dieu (ou de qui vous voulez ou vous pouvez). Pour moi, lire c’est un peu tout ce qui suit.
Couché sur l’herbe glacée de la place de tir de Walenstadt en ce soir de novembre 1985, je relis ce que je viens de T’écrire à la lumière de la lampe de poche que l’armée me fournit.
J’ai trouvé un livre qui n’est pas de mon âge (j’ai dix ou onze ans). Fruit défendu! L’oiseau bariolé est libre.
La Stilla chante. Son chant me transperce comme il transpercé Franz et Rodolphe. Ton chant est l’Amour.
John Kelly allait devenir John Clark. Il avança dans la nuit sans se faire prendre et glaça le sang des généraux qui attendaient sa capture lors de cet exercice. Il était près d’eux dans la nuit sans qu’ils le sachent. Ils comprirent sa présence quand à la demande de feu pour une cigarette d’un des « top brass » ils virent son visage. Une peur venue de la nuit des temps les saisit. Sans aucun remords.
La roulotte tombe de la falaise et tue les amants. Elle est alors libérée. Elle a repris le contrôle de sa vie.
Drogo regarde devant lui. L’ennemi ne vient pas. Viendra-t-il jamais?
Claudine commence à ressentir les effets du Moscato d’Asti. A-t-elle jamais été aussi belle? Renaud est troublé. Ils ne contrôlent plus rien. Peut-on aller contre l’Amour?
François revient. Maria n’est plus là. Il la cherche. Il ne la retrouvera pas. Plus jamais. Comment peut-on vivre avec cette perte?
On apprend à Ernest que l’Empereur a décidé de lui décerner « Pour le mérite ». Erwin l’aura aussi.
Cunégonde allait perdre une fesse. La château du baron de Thunder-ten-tronck avait une porte et des fenêtres.
Au fond de sa poche, une fleur inconnue. Il n’avait pas rêvé Weena.
« Le petit chat est mort » dit Agnès. Après avoir vu Isabelle A. dans le rôle d’Agnès, j’ai su qu’il n’y aurait jamais d’autre visage plausible pour ce personnage de Jean-Baptiste Poquelin.
Anne écrit son journal. Elle ne vivra pas. Elle n’aura pas vécu assez longtemps pour répondre aux questions qu’elle se posait.
…
Et tant d’autres livres, certains utilitaires (par exemple dans le domaine informatique), certains ne m’ayant pas laissé de souvenirs. Lire, c’est vivre des vies qu’on n’aurait pas autrement. Lire, c’est se multiplier et, je l’espère, s’améliorer.
Je suis très pessimiste sur la lecture autre qu’utilitaire. Je pense qu’on peut mettre une croix sur la connaissance des classiques par la majorité de la population.
Je vous laisse, j’ai un livre à terminer.
Bien à vous
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