C’était mieux avant (12) – plus de liberté

Bonjour,

L’autre jour, comme parfois, je marchais dans les rues presque désertes – à cette heure de la journée – de ma bonne ville. Au loin, je vis la silhouette de mon mentor, ce cher Alphonse qui marchait pour s’entretenir, prendre l’air et peut-être s’éloigner quelques minutes de son épouse si charmante (a-t-on idée d’épouser une collègue, de lui être fidèle et de ne pas réussir à la convaincre de vous divorcer?). Je le rattrapais en quelques pas rapides (au moins deux cents pas) et arrivait à sa hauteur, je m’adressais à lui:

« Bonjour Alphonse, comment vas-tu bien en ce jour?
— Bonjour à toi cher collègue, je vais bien grâce à Dieu et dans une moindre mesure à la bénéfique action de l’AVS et de la caisse de pensions. Et toi, comment vas-tu jeune homme?
— Pas mal, je rentre du travail et il m’est venu l’envie de faire une promenade pour prendre l’air. Souvent, ça me donne des idées pour des leçons que je dois préparer.
— C’est bien, mon garçon, continue à bosser dur. Que prépares-tu ces derniers temps?
— Une sortie. J’ai envie d’amener un group d’élèves visiter le musée Bolo.
— Si je ne me trompe pas, c’est à Vevey, n’est-ce pas?
— Non, non, ce n’est pas l’Alimentarium. C’est un musée de vieux ordinateurs à l’EPFL.
— Quelle idée, rigola-t-il, enfin, c’est toi qui sait. Et comment se passent les préparatifs?
— Je suis presque prêt. J’ai obtenu l’accord du Directeur, j’ai averti les parents, les doyens sont au courant, j’ai averti le restaurant scolaire, le bus tout aussi scolaire, la psychologue, le logopédiste, les trois assistantes à l’intégration, le concierge et les collègues concernées, j’ai préparé les remplacements et j’ai complété deux ou trois outils informatiques en ligne pour que tout soit fait dans les règles …
— Mon pauvre ami, ce n’est pas une sortie de classe, c’est le débarquement de Normandie. A mon époque, je laissais un billet sur la porte de la classe et hop, nous étions partis. »

Je me suis senti troublé.

Bien à vous!